En fouillant dans les archives, je retrouve ce texte écrit en 2014 par Martin Pruvost-Beaurain un ancien contributeur de l’asso …
La première partie est un peu perchée, mais elle a le mérite d’expliciter une des grandes sources d’inspiration de l’AV : la théorie des systèmes complexes d’Edgar Morin
La seconde est limpide je trouve même si les technos ont naturellement beaucoup évolué …
Bonne lecture !
- Qu’est-ce que l’Assemblée Virtuelle ?
Lors de la réunion du mercredi 26/11/2014 nous sommes revenus sur la question du rôle, de l’identité de l’AV et de l’explicitation de son « offre » ; notamment en préparation du crowdfunding prévu le mercredi suivant (3/12/2014) afin de pouvoir construire très rapidement un argumentaire adapté aux différents interlocuteurs que nous allons démarcher par téléphone.
Nous pensons l’AV comme un écosystème de projets autonomes et reliés. Prenons cette notion d’écosystème comme point de départ et demandons nous ce que nous entendons par reliance.
I) Tout d’abord de manière descriptive : Quelle(s) cohérence(s) percevons nous dans la forme actuelle ou future de l’AV ?
Afin de valider la cohérence de la proposition.
II) Puis de manière prescriptive : Comment construire l’AV dans son idéal de reliance et d’autonomie ?
Afin d’expliciter plus avant le travail que l’AV doit réaliser.
I) J’adore l’approche explicitée lors de la création du réseau intelligence de la complexité en tant que reliance entre le programme modélisation de la complexité et l’association pour la pensée complexe : Convention de reliance MCX-APC - Novembre 1997 | Réseau Intelligence de la Complexité
Je recopie ci-dessous un extrait traitant de la transdisciplinarité :
RELIANCE ET SOLIDARITE
La pensée complexe est une pensée qui essaie de relier ce que la pensée disciplinaire et compartimentée a disjoint et parcellarisée; elle veut relier non seulement des domaines de connaissance séparés, mais aussi -dialogiquement- des concepts antagonistes comme ordre et désordre, certitude et incertitude. C’est une pensée de la solidarité entre tout ce qui constitue notre réalité, qui essaie de rendre compte de ce qui signifie originairement le terme complexus: -“ ce qui est tissé ensemble ”, et elle répond à l’appel de verbe latin complexere: “ embrasser ”. La pensée complexe est une pensée qui embrasse. Elle se prolonge d’elle-même en éthique de la solidarité.
Alors que la pensée scientifique disciplinaire et les conceptions seulement quantitatives trivialisent la réalité, la pensée complexe redécouvre l’individuel, le contingent, le périssable. Or, ce qu’il y a de plus beau, de plus émouvant, de plus précieux, c’est ce qui est le plus fragile, c’est-à-dire le plus périssable, le plus contingent, le plus individuel… De ce fait la pensée complexe redécouvre l’étonnement et le mystère des êtres et des choses.
L’on peut se l’approprier en remplaçant la « pensée disciplinaire » par les rêves, les attentes, les projets de chaque acteur de l’AV si ils étaient vécus isolément au lieu d’être tissés ensembles. J’ai envie de laisser ce parallèle au niveau métaphorique pour qu’il garde toute la richesse de nos subjectivités, mais je ne peux pas m’empêcher de noter la présence du terme solidarité, notion omniprésente dans l’écosystème de l’AV.
Ainsi, nos conceptions du monde, les modèles que nous nous construisons de celui-ci co-évoluent très certainement avec nos envies de mondes futurs. L’approche systémique engendrant la solidarité et s’en nourrissant. Nous avons donc déjà une cohérence entre les projets de modélisation et d’organisation de la connaissance et les projets de transformation sociale, CQFD
Non ? Trop facile ? Bon poursuivons un peu donc
La pensée complexe est une pensée qui embrasse. Elle se prolonge d’elle-même en éthique de la solidarité.
En relisant cette phrase, j’entends la superbe formule trouvée par Patrick Munsch lorsqu’il parle de sa vision de l’AV :
« Reprendre la main pour mieux vous la tendre »
On a sans doute là une expression de ce qui est commun aux projets de l’écosystème AV : Reprendre la main sur :
- L’infrastructure de nos systèmes d’information
- L’administration de nos données
- Nos modèles de représentation du monde
- Notre attention, notre interface au monde
- Nos modes d’organisation pour la décision et l’action
- Nos modes d’échange et de partage
- La gestion des biens communs
- La démocratie
- Notre temps
- Notre humanité
- …
Cette reprise en main passant par une (re-)mise en cohérence des échelles de gouvernance : (re-)localisation du pouvoir, de la décision en supprimant au maximum les biais introduits par les infrastructures technologiques et organisationnelles actuelles. Pour cela nous travaillons à sortir des silos organisationnels et techniques en proposant des alternatives distribuées.
Enfin, notons aussi l’utilisation du terme mystère que je rapprocherais de l’aspect expérimental, innovant des projets de l’AV.
Et du terme fragile que je rapprocherais de l’accompagnement de la transition, la métamorphose .
Ce très rapide portrait de l’AV, en prenant comme fil directeur la description écosystémique n’est qu’une manière de décrire l’AV, c’est celle qui me parle le plus mais il serait intéressant d’« attaquer » ce portrait avec d’autres angles de vues qui vous parlent également.
II) Inversons l’approche et demandons nous à présent ce que signifie construire l’AV en tant qu’écosystème de projets autonomes et reliés.
Nous avons déjà pensé et agi en fonction de liens structurant fortement l’AV :
- Des projets de transformation sociale outillés par les projets Web
- Le projet CoOperating Systems est le futur socle technologique des outils que nous concevons autour de la logique PAIR
- La plupart des projets Web sont Open Source et nous réfléchissons à l’utilisation de la licence Peer Production License (http://p2pfoundation.net/Peer_Production_License)
- Des projets Web centralisés ont choisi d’utiliser les technologies du Web Sémantique afin de permettre une compatibilité voire une évolution vers la plateforme LDP
- L’ontologie PAIR est développée dans l’optique de permettre de répondre à tous les cas d’utilisation portés par les projets Web de l’AV. C’est très certainement un des principaux outils de reliance, une ontologie étant par vocation un outil de reliance.
Mais ce choix ne suffit pas, il nous reste à mettre en place une gouvernance afin que chaque projet puisse façonner l’ontologie et ainsi enrichir les autres projets tout en gardant une totale autonomie et soit entravé un minimum dans sa progression.
Cette question a vocation à rester ouverte bien entendu, l’AV se construisant chemin faisant.