Un très beau rapport sur les enjeux géopolitiques de l'open source

Bonjour à tou.te.s !

Je n’ai fait que le survoler mais tout semble indiquer qu’il est très intéressant ! Ping @johan @Alice

Ci-dessous quelques morceaux choisis sur l’implication de l’Europe …

  • L’ambition européenne dans le numérique, dans ses valeurs et son héritage historique, peut être rapprochée de l’imaginaire des « communs numériques ». En effet, la préservation des communs numériques reviendrait à « préserver la vision originelle d’internet, un internet diversifié, non monopolistique et non privatisé217 » que promeut l’Europe. Plus précisément, Europe et communs numériques partagent, selon la diplomatie
    française, certains objectifs : « préservation de l’intérêt général, libre concurrence, neutralité du Net, protection des données personnelles, soutenabilité écologique » 218. B. Pajot, « Des barbelés sur la prairie Internet », op. cit., p. 4.

  • "Il convient de distinguer ici l’open source des communs numériques. Les seconds sont plus ambitieux puisqu’ils recoupent les notions de gouvernance collaborative, de données ouvertes, de logiciels libres et de standards ouverts. " « Towards a Sovereign Digital Infrastructure », European Working Team on Digital Commons, p. 2

  • « L’intérêt politique renouvelé pour l’open source en Europe s’articule, en parallèle, avec l’ambition affichée de construire une souveraineté numérique européenne. Au cœur des infrastructures technologiques, et donc de cette souveraineté recherchée, se trouvent les logiciels et les standards technologiques226. La création « d’infrastructures logicielles et matérielles, ouvertes et partagées en tant que communs numériques mondiaux » est ainsi présentée comme le quatrième pilier du chantier de cette souveraineté technologique européenne, aux côtés de la sécurisation du cyberespace, de la régulation juridique et économique du marché numérique, et de la capacité européenne d’innovation227. La souveraineté numérique doit permettre à l’Europe, face aux tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine « porteuses de pénuries et d’un possible découplage technologique entre les deux blocs », « d’assurer son autonomie tout en évitant un alignement forcé et inconditionnel228 ». Le refus de l’alignement forcé explique que les solutions open source logicielles et matérielles sont notamment poursuivies et promues par l’Europe en réponse aux sanctions et restrictions au commerce des technologies » N. Flaherty, « European Processor Project Shows Shift to RISC-V », EE News Europe, 23 décembre

  • « Les acteurs publics européens (États, UE), s’investissent de plus en plus dans l’OS, que ce soit pour en généraliser l’usage dans les administrations, (co-)développer des solutions logicielles, ou œuvrer à la cybersécurité des systèmes informatiques. Un autre moyen d’action de la puissance publique dans l’OS concerne le financement de l’écosystème, en vue de le soutenir, l’aider à se développer, et en assurer la maintenance. Ici, aussi, on constate une évolution vers une plus grande implication de l’UE et des États. L’initiative de l’UE Next Generation Internet (NGI), pilotée par la DG CONNECT, est un véhicule de financement. Il soutient des projets open source qui contribuent au développement d’un « human-centered internet » c’est-à-dire contribuant à offrir aux utilisateurs des alternatives sur tous les éléments de la stack logicielle, respectueux de la législation européenne (RGPD), et favorisant la confiance, l’inclusivité et le multilinguisme. »

  • « Au niveau de la Commission européenne, l’implication va croissant ; c’est un processus incrémental qui avance « pas à pas268 ». Cette prise en compte politique est notamment le fait de la faille Log4Shell et de l’action la France, qui a détenu la présidence du Conseil de l’UE au premier semestre 2022. En février, la France a déclaré vouloir mettre en place une stratégie européenne pour les communs numériques et a lancé une invitation aux États membres pour la constitution d’une équipe de travail sur le sujet. Dix-neuf États membres ont répondu positivement, conduisant à une série de huit réunions sur quatre mois. Certains États membres participants ont indiqué n’avoir jamais traité de ce sujet auparavant, si bien que l’invitation française a permis de créer une « étincelle », de mettre le sujet sur la table et, pour ces États, d’envisager d’inclure l’open source et les communs dans leurs stratégies numériques nationales. »

  • « Les auteurs [DG connect] appellent ainsi à identifier de manière pro-active les technologies émergentes nécessitant un développement en termes de protocole de langage et de logiciels, et de diriger des fonds vers certains domaines ou infrastructures clés – au-delà des outils de e-government. Des exemples d’enjeux logiciels stratégiques pour l’Europe incluent les systèmes d’exploitation, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, ou encore les microprocesseurs. »